Le premier ministre britannique, David Cameron, présente, mardi 22 juin, les grandes lignes de son budget d'urgence, qui s'inscrit dans le concert européen des plans d'austérité lancés en Grèce, en Espagne, en Allemagne, en France, etc., pour faire face à l'endettement des Etats alourdi par la crise.
Dans un même esprit de rigueur, les chefs d'Etat et de gouvernement européens réunis, jeudi 17 juin à Bruxelles, ont décidé de renforcer les sanctions contre les pays laissant filer leur déficit, sans toutefois régler la question des modalités.
Même la France, où la rigueur est traditionnellement taboue, a avancé des mesures d'"assainissement des finances publiques", de l'ordre de 100 milliards d'euros. Sur qui va peser l'effort demandé ? Ces économies ne risquent-elles pas de déstructurer les sociétés ?
Le plan d'austérité britannique affectera "l'économie, la société, notre mode de vie tout entier", a prévenu M. Cameron. C'est le cas de tous les pays où le secteur public est en première ligne. De Londres à Tallinn en passant par Athènes et Paris, les fonctionnaires sont, dans tous les pays, concernés par la rigueur.
Jusque-là moins exposés que les salariés du secteur privé, les fonctionnaires sont désormais mis au régime sec : gel des recrutements, non-remplacement des retraités, baisses des salaires, de 5 % en Espagne jusqu'à 50 % en -Lettonie.
"COÛTS SOCIAUX" DES PLANS D'AUSTÉRITÉ
Les syndicats européens des services publics ont, dans un appel commun, adressé une mise en garde aux ministres des finances européens contre les "coûts sociaux" des plans d'austérité. "La vision comptable de l'emploi public menace la qualité des services publics si utile en période de crise", alerte Marie-Odile Esch, secrétaire générale de la fédération Interco CFDT. Les services publics européens ont appelé à une journée d'action le 29 septembre à Bruxelles contre les "coupes sombres".
Pourtant, certains estiment que les plans d'austérité sont insuffisants pour assainir durablement les finances publiques. "En France, après plus de vingt ans de budgets déséquilibrés, il était urgent de réagir, mais on aurait dû baisser d'au moins 5 % les salaires des fonctionnaires. Le plan n'est pas à la hauteur de ce qu'il faudrait", estime Agnès Verdier-Molinié, directrice de l'Institut français pour la recherche sur les administrations publiques (Ifrap), qui reconnaît toutefois qu'il y a une vraie propension à faire des réformes. "Sur la question de fond qui est le train de vie de l'Etat, la baisse des salaires des hauts fonctionnaires est un symbole attendu des Français", souligne-t-elle.
De l'Estonie à la Grèce, les Européens sont, quant à eux, partagés entre colère et résignation face au cumul des efforts imposés à la fois par la crise et par les réformes structurelles (retraites, marché du travail).
Source: Journal Le monde: Anne Rodier
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/21/plans-d-austerite-un-tour-d-europe-des-revoltes-et-des-resignes_1376015_3234.html